FEMME DE AMMELN

La vallée des Ammeln est au cœur des Ida ou Semlal, tribu dont les artisans bijoutiers sont réputés pour leur grande habileté. Toutes les tribus du versant sud de l’AntiAtlas leur achètent des bijoux. Ceux des femmes Ammeln sont très nombreux et elles les portent même avec leur costume journalier. Souvent, elles vont en groupe chercher le fourrage qu’elles chargent sur leurs reins dans de charmants paniers décorés, ‘’azgaou’’, qu’une grosse corde passée sur le front, à la manière d’un joug, tient en équilibre. Leurs énormes fibules d’argent et leurs volumineux colliers brillent sur le fond bleu sombre des vêtements dans une jolie note décorative; mais il est bien difficile, pour un homme surtout, d’observer de près avec toute l’attention souhaitable le détail de ces jolies parures, car les femmes des Ammeln sont les plus réservées, les plus farouches que l’on puisse rencontrer au Maroc. La femme sur la photo est couverte de ses bijoux de fête. Les
fibules appelées ‘’tikhoullalin’’ sont très grandes, plates et minces, finement gravées et rehaussées d’émaux. L’issersel les réunit, orné au centre de la grosse boule d’argent, taguemmout, qu’un crochet permet de fixer à ‘’l’izar’’.

FEMME DE AMMELN.

Les colliers, ‘’tifoulout loubane’’, sont de dimensions énormes : entre les grosses boules d’ambre habituelles s’intercalent de petites pierres noires à pois blancs, ‘’lhabouben’’, et de longues perles de corail,
‘’merjane’’. Le diadème d’ambre et d’argent, ‘’mechbouach’’, est fixé sur le serre-tête, tacheddat, d’où s’échappe une frange de cheveux. Les boucles d’oreille, ‘’imjeran’’, sont agrémentées de nombreuses petites pièces d’argent. Les bracelets sont du type courant que l’on retrouve un peu partout dans l’Anti-Atlas : ils sont l’expression du folklore des Ammeln. A quelques rares exceptions près, les artisans bijoutiers sont ici
juifs, comme dans tout le Maroc, et certaines communautés israélites, dont la plus importante est celle de ‘’Tahala’’, se sont fait une spécialité de la fabrication des bijoux. La Berbère est vêtue de l’izar bleu qu’on nomme fidah chez les Ammeln. Le fidah est parfois blanc, mais il peut être aussi, ce qui est beaucoup plus rare, de cotonnade noire bordée d’une ganse de couleur. Les sandales, ‘’idoukane’’, sont abondamment
brodées.

COSTUMES DU MAROC-Jean BESANCENOT-Ouvrage publié avec le concours du
centre national des lettres.