DANSEUSE CHLEUH DE TIZNIT

Tiznit en 1936, en pays chleuh, est une agglomération où subsiste une part de caractère citadin. L’endroit, lieu de passage vers les tribus de l’extrême Sud marocain occidental, est célèbre pour
ses danseuses,’’chtahate’’,et ses chanteuses,’’chikhate’’. Celles-ci ont la réputation d’être jolies. Le drapé local est ‘’le tamelhaft’’ noir, manteau serré à la taille par une simple broche, attaché devant les épaules par des fibules immenses, ‘’tizerzaï’’, se détachant somptueusement sur la couleur noire du drapé.


Quelle que soit la taille du bijou, il reste semblable dans son dessin à celui des ‘’tizerzaï’’ de la vallée des Ammeln, mais leur grandeur est si considérable qu’on ne peut même plus employer la chaîne
d’argent qui réunit habituellement les deux fibules ; celle-ci est remplacée par une petite cordelette de soie. Il existe plusieurs modèles de parure de tête : ce sont toujours des diadèmes d’argent, rehaussés d’émaux cloisonnés, agrémentés de pendants et ajustés par un système de chaînettes.

Le diadème porté par cette ‘’chtaha’’ est la tassibba accrochée sur un foulard de soie lamé d’or, ‘’fechtoul’’, serré sur la tête par un bandeau. Des chaînettes soutiennent les larges boucles d’oreilles à pendants, ddouh. Parmi les nombreux bracelets, ‘’les nnbaïl’’ (sing. : nnbala), grands anneaux plats à charnière, sont volumineux, toujours précieusement ouvragés. Certains modèles anciens, devenus aujourd’hui très rares, sont de dimension démesurée, assortis quant à la taille et au décor aux énormes anneaux de chevilles que l’on portait autrefois dans le pays et qui sont remplacés par de simples anneaux d’argent minces et légers. La chtaha représentée ici porte le léger petit voile blanc,’’chane’’, qui, attaché en pointe sur la tête, flotte gracieusement en dansant.

COSTUMES DU MAROC-Jean BESANCENOT-Ouvrage publié avec le concours du
centre national des lettres.