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L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d’organisation, de distribution, dans des domaines comme le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, les discriminations.
L’innovation a toujours été un concept lié à la science et à la technologie. Pour Schumpeter, père fondateur de l’innovation, c’est un moyen au service de performance économique des entreprises. Il considère également que toute innovation, même scientifique ou technologique, a un caractère social.
Cet aspect a grandi au fil des décennies, car l’innovation avait également comme préoccupation centrale de relever des défis sociaux, humains et environnementaux. Ce processus d’innovation de « socialisation » a donné naissance à l’innovation sociale dans les années 1970 dans un environnement caractérisé par de nouvelles exigences et profondes mutations économiques et politiques.
Le concept d’innovation est au cœur de la dynamique économique, en tant que source d’accroissement de la productivité , en tant qu’origine de conséquences sur les rémunérations et l’emploi, voire des crises qui rythment le développement des cycles économiques. Les nouvelles combinaisons (produits, procédés, débouchés, organisations) exécutées par les entrepreneurs génèrent un processus de « destruction créatrice » par des innovations radicales ou des innovations incrémentales. L’innovation fait donc partie de la théorie de l’économie capitaliste, depuis les classiques jusqu’à aujourd’hui.
Dans la période contemporaine, l’«innovation continue» serait devenue la spécificité même du nouveau modèle en émergence.
L’innovation « sociale » est-elle un concept différent de l’innovation et si oui, de quelle dynamique relève-t-elle ?
Qu’est- ce que l’innovation sociale ?
L’innovation sociale désigne de nouvelles façons de faire les choses (new ways of doing things) dans le but explicite de répondre à des besoins sociaux. L’émergence d’innovations sociales résulte de la constitution d’équipes multidisciplinaires. Il semble donc que l’objet de l’innovation sociale, l’innovation sociale en elle-même, soit la solution apportée au problème et fait exclusivement référence à ce qui est mis en œuvre.
La coopération entre les différents acteurs se révèle une condition sine qua non de la création et de la production d’innovations sociales, sans toutefois en faire partie intégrante.
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L’innovation sociale touche de nombreux secteurs d’activité et peut conduire à l’émergence de nouveaux métiers, liant souvent les enjeux environnementaux aux objectifs sociaux. L’enjeu est aussi d’organiser différemment les filières pour créer plus d’équité et de solidarité.
Une innovation sociale ne peut exister sans la coopération de tous les acteurs en faveur de l’émergence de nouveaux projets répondant aux nouvelles mutations de la société.
L’innovation sociale en quelques mots…
- L’innovation sociale ne consiste pas nécessairement en la création d’une idée entièrement nouvelle, mais plutôt la réorganisation d’éléments existants. Pour cette raison, elle émerge souvent du rapprochement de différents secteurs.
- L’innovation sociale implique la volonté de faire autrement, de penser en termes de transformations des institutions et des pratiques sociales.
- L’innovation sociale favorise l’émancipation et le renforcement d’individus ou de groupes rencontrant des difficultés d’insertion sociale et professionnelle, et plus largement contribuer à la cohésion économique et sociale des territoires.
- L’innovation sociale s’appuie sur des règles de coopération fondées sur le partenariat et la réciprocité et mobilise des ressources et contribue à leur reproduction.
EXEMPLE DE PROJETS D’INNOVATION SOCIALE : GENIOUS MEDINA
Genious Medina est la première ‘’Innovation District Remade Morocco’’ basée sur une économie inclusive d’hyper-proximité au service de l’Artisanat, sa préservation, sa transmission et son futur à travers la génération d’un nouvel écosystème.
Elle vise à travers le déploiement d’une démarche d’innovation sociale et en intégrant plusieurs acteurs , à régénérer l’ancienne Médina de Casablanca, comme structure principale de l’écosystème urbain et favoriser sa durabilité, en optimisant son rôle patrimonial, artisanal, touristique et socio-économique par la redécouverte de ses potentialités.
Genious Medina c’est aussi :
- 1ère communauté de multiples savoirs artisanaux
- 1ère fabrique numérique dédiée aux métiers de l’Artisanat
- 1ère vitrine commerciale phygitale dédiée aux métiers de l’Artisanat
Le projet couvre un public large de toute la chaîne de valeur des métiers liés à l’Artisanat et plus généralement tout porteur de projet en manque de structure d’accompagnement et d’insertion.
Le développement communautaire et la dimension territorialisée de innovation sociale
L’innovation sociale est d’une part territorialisée et d’autre part territorialisante .
En effet, premièrement, comme tout autre changement, elle est issue, à l’origine, soit d’une crise à laquelle il faut trouver une solution, soit d’une utopie qu’un ou plusieurs individus décident de concrétiser. Le contexte territorial, autrement dit l’environnement global des individus fait partie des facteurs déterminant de leurs aspirations, de leurs rêves, de leurs idées d’innovation sociale.
Deuxièmement, quand les individus passent à l’action, l’innovation sociale crée du social, des liens, elle change les relations entre les personnes, entre les personnes et leur environnement ; elle participe ainsi à une forme de territorialisation.
L’innovation sociale et la RSE : Les deux revers de la médaille
L’innovation sociale se distingue, principalement par son processus ancré dans la participation des bénéficiaires et acteurs du milieu et la qualité des partenariats.
Cinq critères ont été mis en place pour identifier les innovations sociales :
1. Caractère novateur, expérimental dans un contexte donné ;
2. État d’esprit et prise de risque de la part des acteurs du projet ;
3. Impact sur les politiques sociales au niveau national ou local ;
4. Qualité du partenariat entre les acteurs habituels et les nouveaux ;
5. Participation des bénéficiaires, des bénévoles et des habitants du territoire concerné au projet.
De l’autre côté, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est un concept qui désigne l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes (Commission ce, 2006).
Les sujets sur lesquels agit la RSE sont d’ordres très différents. Il s’agit autant de la préservation de l’environnement, de l’aménagement des sites et du recyclage des déchets, que de gestion de la qualité de l’emploi. Parfois, mais plus rarement, d’intégration de travailleurs défavorisés.
La RSE est apparu comme un mouvement polymorphe à caractère décentralisé et volontaire, qui a d’abord concerné les firmes confrontées à un problème d’image à l’égard des consommateurs et des investisseurs financiers.
Suivant l’idée que l’innovation sociale est finalement un concept d’innovation qui ajoute une valeur sociale et un système d’objectifs au processus, il devient clair que l’innovation sociale n’est pas la prochaine RSE.
L’innovation sociale peut apporter une plus grande valeur aux services publics en répondant plus efficacement et de manière holistique aux besoins des populations.
RSE et ESS, complémentaires dans la différence
La RSE est l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales qui peuvent décider d’en faire une politique de développement durable. La promotion de la RSE permet aux entreprises privées d’accroître les performances commerciales et financières, de réduire le coût des risques industriels et écologiques et de renforcer leur compétitivité.
Tandis que l’ESS est un modèle entrepreneurial à travers lequel les acteurs de l’ESS poursuivent un objectif social ou environnemental, qui est une vocation et une priorité de leur projet d’entreprise et leur cœur de métier.
EN BREF …
Les préoccupations sociales et environnementales, qui pour la démarche RSE restent une voie alternative, sont la mission principale et la raison d’être des acteurs de l’ESS.
Nous sommes aujourd’hui en train de remodeler nos sociétés sur le plan économique, politique mais aussi académique. Cela nécessite de nouveaux concepts, de nouvelles approches, ainsi qu’une grande variété d’expertises et, surtout, beaucoup de respect pour les efforts mutuels pour rendre notre monde plus durable.
Chaque nouveau concept est une chance pour trouver de nouvelles réponses mais aussi pour élever la dynamique de réflexion pour notre avenir – c’est ainsi que se relève la discussion sur l’innovation sociale.