MARIÉE MUSLMANE DE FÈS

Le costume de la mariée de Fès est très spécial, imprégné d’un hiératisme
impressionnant. L’arousa est juchée sur plusieurs matelas superposés, contre ‘’le
haïti’’, pièce de drap ou de velours richement brodée d’or, qui décore le mur des
appartements fassis. La forme de son corps disparaît complètement sous l’abondance des volumineux coussins posés sur ses genoux et autour d’elle.

Seule, la tête de l’arousa émerge de l’amoncellement des étoffes qui la recouvrent.

‘’La qosba del berkato’’, volumineuse étole de lamé d’or épais, tissé à Fès, est passée sur le qaftane, lequel doit être de préférence vert ou bleu pâle, daw essbah (lumière du matin). Les deux larges pans de l’étoffe rigide tombent jusqu’à terre. Les deux pans d’une seconde étole tombent un peu moins bas.

Celle-ci, ‘’la qosba del rib’’, est de lamé gaufré d’origine lyonnaise. Sur l’ensemble se drape encore ‘’la msilka’’, longue pièce de soie blanche, lamée d’or sur les bords. Sur les côtés, deux grandes pièces de lamé rouge et or, ‘’les kmam’’, également tissées à Fès, représentent les manches, comme leur nom l’indique, et sont épinglées contre ‘’le haïti’’.

Les colliers ne sont pas suspendus autour du cou, mais installés sans grâce sur un plastron raide, ‘’bséta’’, recouvert de velours. Ce sont les ‘’medaij’’ (sing. : medja), colliers de perles fines à gros fermoir de jade, et ‘’le lebba’’. Celui-ci est d’or massif finement ciselé comme le taj qui couronne la tête de l’arousa. Ces bijoux représentent la tendance moderne et marquent la différence, déjà signalée, avec les formes et le caractère traditionnel des bijoux anciens. L’étroite tresse frontale noire avec pierre verte en son milieu est ‘’la selta’’. Les classiques grappes de petites perles, ‘’zraïr’’, tom-bent de chaque côté de la tête avec les nouasi, longues bandes de satin noir perlées. On imagine le luxe d’un tel costume d’apparat, lequel arrive à valoir, avec ses bijoux, un prix considérable. Il n’appartient d’ailleurs pas à la mariée et il n’en existe qu’un petit nombre, propriété de riches ‘’neggaguéf ’’ (sing. : neggafa), matrones spécialisées dans la cérémonie du mariage. Celles-ci louent, pour la durée des festivités, à la fois les vêtements, les bijoux et leurs services d’habilleuses. Il aurait été difficile de présenter dans cet ouvrage les costumes de mariées de toutes les villes importantes. Ceux de Fès, Rabat et Salé sont les plus typiques.

MARIÉE MUSLMANE DE FÈS

COSTUMES DU MAROC-Jean BESANCENOT-Ouvrage publié avec le concours du
centre national des lettres.